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S'imaginer dans un TCA pour comprendre un proche

Je sais qu’être un.e proche de malade est très compliqué car il est impossible de comprendre une personne vivant un TCA pour quelqu’un en bonne santé. Alors je vais essayer de t'aider à comprendre ce que moi je vivais en tant que malade souffrant d’anorexie. Je ne sais pas si cela correspond exactement aux pensées de ton.ta proche. Cela peut aussi être vécu à d’autres intensités bien sûr. N’hésites pas à demander à ton.ta proche s’iel ressent ce qui est écrit en dessous de la même manière. Cela pourra vous aider peut-être à ouvrir le dialogue.

  • Un TCA, c’est comme une voix qui est en permanence dans ta tête. La voix d’un harceleur, d’un diable. Toujours là à t’embêter. Toujours présent pour te faire du mal même si tu lui dis de partir. Elle te répète en boucle les mêmes choses et il est impossible de la faire taire. Même une fois que le.la malade à gagner une bataille face au TCA, même après ça la bataille continue car la voix ne s’éteint pas du jour au lendemain et le.la malade va devoir continuer à faire de longs efforts pour gagner complètement.
  • Le diable ne te dit que des choses très dévalorisantes, très dures, qui vont contre le sens de ton corps et de ton bien-être. Ton corps veut ta vie et ton bonheur. La voix du TCA veut ton mal-être et ta mort. Moi je l’imaginais comme un diablotin tout le temps avec moi mais que personne ne voyait. Quand la maladie devient trop forte, la personne malade n’arrive plus du tout à discerner sa propre voix de la voix de la maladie. La personne pense que c’est elle qui se dévalorise et veut changer de corps, elle pense que les pensées dévalorisantes sont les siennes alors que c’est faux. Il lui est de plus en plus compliqué de s’imaginer guérir car elle ne sait plus faire la différence entre elle et le diable et elle ne sait donc plus quoi combattre.
  • Le TCA accompagne tous les gestes des malades, pas forcément uniquement ceux de l’alimentation ou du sport. Elle guide les balades, le travail, les relations, les passions et centres d’intérêts, les vêtements, les envies et ambitions, le sommeil, les lectures, les réseaux sociaux, ... Le.la malade n’est jamais assez bien, assez parfait, … Je dirais même qu’iel es toujours nul.le aux yeux de l’harceleur : « Tu es nul.le par rapport aux autres. » « Tu n’es pas assez bien pour plaire, pour être aimé.e ». « Qu’est-ce qu’iel pense de toi ? Que tu es une merde bien sûr ! »
  • La voix peut être si présente que la maladie fait faire des choses que le.la malade ne souhaite pas au fond de lui.d’elle : mentir, cacher des choses, s’énerver, être violent ou méchant verbalement ou physiquement, s’isoler … Comme si la maladie guidait une marionnette. De plus, en tant que malade la honte et culpabilité de faire des choses que l’on sait mal ou que l’on ne souhaite peut-être très présente. C’est normal car le.la malade n’est pas responsable de ses gestes, iel ne maîtrise rien. Il est possible que la.le malade ait honte d’être malade, d’avoir une maladie mentale, d’avoir besoin de soins, d’avoir besoin de payer des médecins et thérapeutes, d’être handicapé.e, de ne pas réussir à faire tout ce qu’une personne saine peut faire…
  • Comme toutes les pensées sont prises par la voix du TCA, il est impossible ou très compliqué pour le.la malade de se concentrer, de prendre du plaisir à faire des activités ou à voir des gens, d’avoir des envies. Ce désintérêt pour la vie, pour le plaisir, peut se traduire par des idées suicidaires ou des besoins de se mutiler.
  • Le corps du malade est aussi affecté par la maladie. Dans mon cas de l’anorexie, j’avais très froid, j’étais faible et en même temps mon corps dans un instinct de survie me délivrait beaucoup d’adrénaline, une hormone qui excite. La maladie se servait de cette fausse énergie pour me détruire encore plus (hyperactivité physique et mentale). Je n’étais aussi plus du tout sensible, mes sens étaient éteints, je ne sentais plus mon corps ou alors il me faisait mal.
  • Dernier point, les malades peuvent ne pas du tout se rendre compte de leur condition et de ce que leur fait faire la maladie. Il y a la dysmorphophobie qui est le fait de voir son corps autrement, différemment en exacerbant ce que l’on considère être des défauts. Il y a aussi le fait que la maladie cache au malade lui-même et fait oublier les actions maladives. En gros, les personnes extérieures peuvent avoir l’impression que le malade se ment à lui-même, est dans le déni. C’est pourtant la maladie qui cherche juste à continuer d’exister. Le.la malade ne se rend plus du tout compte.

Je précise que même moi qui ait vécu un trouble alimentaire et qui suit maintenant guérie, il m’est désormais compliqué de me mettre à nouveau dans la mentalité de mes ami.e.s en souffrance, d’avoir les bons mots, …. Quand on n’est pas/plus dans un TCA, il est impossible ou compliqué de comprendre la souffrance qu’un.e malade ressent. Donc, dans l’accompagnement, en tant que proche, il n’est pas possible d’être parfait et de tout comprendre, même avec beaucoup de volonté. Ce n’est pas grave du tout. En tant que malade, le principal est de se sentir écouté.e et soutenu.e.

 

Pour continuer, voici des ressources :

  • Podcast :
    • « No rain, no flower - #Ep. 04 - Une journée dans ma tête d’anorexique »

 

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Date de dernière mise à jour : 13/02/2023

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