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"souffrir de" mais pas "être"

« Je souffre d'anorexie mais je ne suis pas anorexique », « cette personne n’est pas anorexique, elle souffre d’anorexie »

« Je souffre de boulimie mais je ne suis pas boulimique », « cette personne n’est pas boulimique, elle souffre de boulimie »

« Je souffre d’orthorexie mais je ne suis pas orthorexique », « cette personne n’est pas orthorexique, elle souffre d’orthorexie »

« Je souffre de TCA », « cette personne souffre de TCA »

 

Je tiens beaucoup à cette formulation et voilà pourquoi :

Alors effectivement, on vit dans un monde d'étiquette : « on est enfant », « on est myope », « on est grand », ... La société a besoin de ça. Depuis quelques temps, il est d’usage de transformer certaines de ces formulations pour faire des phrases socialement correctes. Et pour certain, cela sert uniquement à compliquer les phrases pour au final dire la même chose, cela peut du coup paraître lourd et embêtant. Par exemple « le vieux » est remplacé par « la personne âgée ». Ici, je ne vais pas donner mon avis sur cette formulation-là.

Je vais plutôt parler des étiquettes concernant les maladies mentales et les TCA.

Pour les TCA, la schizophrénie ou toutes les autres maladies mentales, je crois qu'il est important de dire « souffrir de » car les troubles mentaux font peurs et les gens sans troubles psychiques qui ne comprennent souvent pas ces maladies préfèrent s'en éloigner. Les malades sont isolés par cette incompréhension de la maladie, par ces peurs. Dire qu'on souffre de, même si ça peut paraître être du « socialement correct » seulement, fait beaucoup moins peur. Les gens sans troubles psychiques n'identifient plus la personne à sa douleur et à sa maladie mal comprise. Quand on « est anorexique », on est la maladie aux yeux des autres. Quand on « souffre d’anorexie », on est un caractère, des émotions, des talents, des qualités, des défauts, des passions, des rêves, …  On est humain ! Avec la formulation « souffrir de », les gens sans troubles psychiques peuvent même être plus curieux de comprendre les symptômes et les pensées qui troublent le malade. Ainsi, les malades peuvent être à mon sens plus intégrés dans la société et ainsi guérir ou se soulager plus facilement de leurs maux en comprenant qu'ils ne sont pas leur maladie, qu’ils peuvent aller mieux, qu'ils peuvent aussi avoir une vie sociale et dans le cadre des TCA, que la vie c’est beaucoup plus qu’un corps et l’alimentation.

De plus, dire qu’on « souffre de » donne plus la possibilité de guérir et donc de ne plus souffrir. Je m’explique : quand on dit qu’on « est anorexique », cela associe un état à une personne et il est très compliqué de s’en sortir. On a même l’impression que ce mal-être est figé, qu’il sera en nous pour la vie. Alors que non, il est possible de ne plus souffrir de l’anorexie ! Quand on dit qu’on « souffre de », cela veut dire qu’il y a des soins possibles et de thérapeutes compétents pour cette maladie. Et que la guérison totale est possible !

Pour finir, les TCA sont parfois minimisés, vu comme des caprices, des comportements faciles à contrôler et à arrêter, … La formulation « souffrir de » montre bien que les TCA sont des maladies très complexes et que ce ne sont pas des caprices ! Elle donne de l’importance aux souffrances psychologique et physique des malades.

 

Donc : « Je souffre de cette maladie mais je ne suis la maladie » !

 

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